La sortie de « J’accuse » au cinéma, alors que Roman Polanski est à nouveau accusé de viol, interroge l’interminable principe de la séparation entre l’homme et l’artiste.

Doit-on toujours aller voir les films de Woody Allen ou de Roman Polanski? Ces questions sont plus que jamais au cœur du débat. Alors que le cinéaste franco-polonais sort ce mercredi 13 novembre son film “J’accuse” sur l’affaire Dreyfus.

 

Polanski accusé de viol

 

Roman Polanski, accusé de viol en 1975, réfute cette accusation « avec la plus grande fermeté ». Le réalisateur réfléchit « aux suites judiciaires à apporter » à la publication de ce témoignage dans Le ParisienL’avocat précise que le réalisateur « ne participera pas au tribunal médiatique ».

Valentine Monnier, qui a aussi joué dans quelques films dans les années 80. Accuse Roman Polanski de l’avoir frappée et violée en 1975 en Suisse alors qu’elle avait dix-huit ans. Elle indique également ne pas avoir déposé plainte pour ces faits, désormais prescrits. 

Le code de procédure pénale fait dépendre le délai de prescription de l’action publique de la qualification de l’infraction. Comme pour les autres crimes qui ne sont pas imprescriptibles, en matière de viol, ce délai est de dix ans à partir du jour où l’infraction a été commise.

 

Roman Polanski toujours poursuivi aux Etats-Unis

 

Cette Française, dont les accusations s’ajoutent à celles d’autres femmes ces dernières années, toutes également réfutées par Roman Polanski. Affirme avoir décidé de porter publiquement cette accusation en raison de la sortie en France de J’accuse, qui porte sur une erreur judiciaire, l’affaire Dreyfus. Roman Polanski est toujours poursuivi par la justice américaine dans le cadre d’une la procédure pour détournement de mineure lancée en 1977.

Depuis, plusieurs acteurs à l’affiche du film ont annulé leur venue dans différents médias. Ce nouveau témoignage a relancé le débat sur la place de Roman Polanski dans le milieu du cinéma, au regard des accusations dont il fait l’objet. Si les poursuites toujours en cours dans l’affaire Samantha Gailey, l’ont poussé à fuir la justice des Etats-Unis. Le réalisateur a été accusé publiquement de viol ou d’agression sexuelle à onze autres reprises, dont six fois par des femmes témoignant en leur nom propre, même si aucun de ces autres cas n’a donné lieu à des poursuites.

 

Séparer l’homme de l’artiste?

 

Dans la foulée, Jean Dujardin, l’acteur principal, a annulé sa venue au 20H de TF1 dimanche. Emmanuelle Seigner, la femme de Polanski, s’est décommandée d’une émission sur France Inter ce mardi. Quand d’autres médias ont pris la décision de ne pas diffuser des interviews du casting enregistrées avant ce nouveau témoignage. Car peut-on vraiment parler du film sans évoquer les lourdes accusations qui pèsent sur Roman Polanski?

Le lundi 5 novembre dernier, Adèle Haenel était l’invitée d’un live de Médiapart. Après avoir révélé les attouchements et le harcèlement sexuel dont elle accuse le réalisateur Christophe Ruggia. Alors qu’elle était âgée de 12 à 15 ans. L’actrice de “Portrait de la jeune fille en feu” a notamment insisté sur la responsabilité de la société dans son ensemble de “se regarder en face” et de libérer la parole des victimes.

Cette prise de parole courageuse et forte, qui pourrait marquer un tournant de l’ère post-#MeToo en France. Qui a aussi été l’occasion de revenir sur la supposée séparation entre l’homme et l’artiste qui est souvent légion. Il y a quelques semaines lors du festival du film de la Roche-sur-Yon, Adèle Haenel suggérait que la projection du nouveau film “J’Accuse” de Roman Polanski soit encadrée d’un débat sur la culture du viol.

 

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