La faculté de droit d’Assas, à Paris, a destitué un enseignant, ex-chargé de TD, à la suite de nombreuses plaintes d’étudiantes. Le professeur aurait en effet harcelé ces jeunes filles en passant par les réseaux sociaux pour entrer en contact avec elles.

LES FAITS

D’après le parisien, ce serait en effet 69 femmes qui se seraient plaintes auprès de la direction de la faculté de droit. Des étudiantes de première et deuxième année de licence ont reçu des messages insistants de la part du chargé de TD ( en poste depuis 3 ans ).

Par ailleurs, le 10 avril, « un signalement des faits a été déposé auprès du parquet de Paris », atteste Manuel Miler de Azevedo, directeur adjoint chargé des études et de la vie universitaire à Paris II. Il est à la tête d’une « cellule de lutte contre les violences sexistes et sexuelles », créée à la rentrée dans l’institution. « Je suis heureuse de le savoir viré : je n’aurai plus à faire des détours dans les couloirs pour éviter de le croiser », dit Socian, 19 ans, en deuxième année de droit. « Je ne suis pas la plus à plaindre, glisse-t-elle, je n’ai reçu que 13 messages sur Instagram ».

L’ex-enseignant procédait toujours de la même manière, d’après une enseignante qui a eu écho des pratiques de son ex-collègue. Il s’agissait d’une « chasse ». Il commençait à parler à sa « cible » sur les réseaux sociaux, comme instagram. Des témoignages nous laissent des bouts de phrases qu’il disait : « Je te trouve plutôt très mignonne », « Fais gaffe, je suis assez sensible aux filles mignonnes … »

DES NOTES DIFFÉRENTES SELON LES ÉLÈVES

Parmi les jeunes femmes qui ont monté le dossier, quelques-unes ont cédé aux avances de l’enseignant. Sa réputation était d’entretenir une proximité inhabituelle avec ses élèves. Une enseignante explique que dans le cas d’un cursus aussi difficile, il n’était pas anodin qu’une jeune de fille de 18 ans hésite à envoyer balader un professeur au risque de se voir perdre des points sur sa copie.

Une observation a néanmoins été faite : les garçons étaient moins bien notés que les filles. De même quand les filles refusaient ses avances. Depuis que l’affaire s’est fait connaitre, les moyennes obtenues par les jeunes femmes proches du chargé de TD mettent le doute concernant le bien-fondé. « C’est tellement dur d’avoir des bonnes notes à Assas, on en arrive presque à être jalouses des autres filles malgré ce qu’elles ont vécu », admet Sonia.

QUE DIT LA LOI ?

Dans la loi, rien n’interdit à un professeur de sortir avec son étudiant, pourvu que la liberté de consentement de dernier soit respectée. Une nuance de taille, qui explique pourquoi les liaisons de part et d’autre du tableau noir sont considérées comme dangereuses, et à éviter, dans le monde universitaire. Cela est différent quand l’étudiant est mineure.

« Un rapport de maître à élève peut être considéré comme une circonstance aggravante en cas de harcèlement, car l’enseignant exerce une forme d’autorité qui peut être assimilée à une contrainte », explique Valérie Piau, avocate spécialiste des questions scolaires. Les fonctionnaires doivent aussi respecter dans leurs statuts des principes de neutralité et d’impartialité, ce qui semble peu compatible avec une relation intime avec un élève. »

PAS UN CAS UNIQUE

Cette affaire de harcèlement à la fac n’est pas une première.

Le 13 décembre 2018, Mediapart indiquait qu’une enquête avait été ouverte à l’université Paris-Diderot. Elle visait un de ses principaux dirigeants, le psychanalyste Fethi Benslama, accusé par plusieurs femmes de comportements inappropriés, parfois qualifiés de harcèlement sexuel.

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