Factrice en Corrèze, Sylvie a signé un colis à la place d’une usagère qui le lui avait demandé. Une attitude qui lui vaut d’avoir été mise à pied pendant un mois, sans salaire par La Poste.
En pensant bien faire, Sylvie Auconie ne pensait pas une seconde se mettre dans une fâcheuse posture. Cette postière de 59 ans, exerçant à Tulle, en Corrèze. Elle risque une mise à pied d’un mois pour avoir signé le colis d’une usagère absente de son domicile. Alors que celle-ci était au courant et d’accord avec cette pratique. Seul problème, la fille de cette cliente – à laquelle le colis était a priori adressé, indique La Poste – n’a guère apprécié et s’en est plainte auprès de la direction.
Un employé de La Poste peut-il signer un avis de réception à votre place?
Bien que consentante, une cliente ne peut pas exiger la signature d’un postier pour recevoir un colis «remis sous signature» ou une lettre recommandée. Pour ce type d’envoi, l’expéditeur a souscrit un service qui représente une sûreté juridique et une preuve de distribution. « Dès l’instant où un postier ne respecte pas les modalités de distribution, c’est toute cette sécurité juridique, attendue par l’expéditeur, qui est remise en cause », précise l’opérateur de services postaux. De manière générale, seule la personne visée par l’expédition est apte à signer la preuve de distribution. Sauf si une lettre de procuration a été réalisée.
Mais en aucun cas, et ce même avec un document écrit, un postier peut signer à la place d’un client. Les postiers ne sont pas autorisés à recevoir des procurations des clients, car la signature du destinataire à vocation à «prouver la remise en main propre du pli par La Poste au destinataire», explique au Figaro La Poste. Par ailleurs, les postiers doivent prêter serment lors de leur arrivée dans l’entreprise française. Ils doivent assurer «l’inviolabilité et le secret des correspondances». Ainsi que «la confidentialité des données à caractère personnel et informations concernant la vie privée d’autrui». La Poste rappelle sur son site qu’en cas d’absence, les livraisons de colis peuvent être reprogrammées à des dates ultérieures. Et le cas échéant, les colis sont mis en instance dans un point postal.
« #TousAvecSylvie »
La pétition de 7500 signatures, le hashtag #TousAvecSylvie et la mobilisation au niveau local n’y auront rien changé. Sylvie Auconie, 59 ans, factrice à Tulle en Corrèze, vient d’être sanctionnée d’un mois de mise à pied disciplinaire, sans salaire. Cet avis, rendu par le conseil de discipline ce mardi matin, devrait être validé ces prochains jours par la direction de La Poste.
« Lors de ma convocation, on m’a signifié qu’une telle attitude pouvait aller jusqu’à trois mois de mise à pied. J’étais quelque part soulagée car au début, je craignais surtout le licenciement, confie la factrice. Je suis arrêtée un mois sans salaire, c’est un moindre mal. Et surtout, je peux garder mon travail ». Employée depuis vingt-sept ans à La Poste. Sylvie Auconie avait l’habitude de signer des colis à la place de cette usagère lorsqu’elle était absente. Une pratique « répandue dans les campagnes » selon Karine Lavaud, secrétaire de la CGT FAPT qui évite aux personnes de se déplacer dans les bureaux de poste.
« La Poste se devait de réagir »
« C’est symbolique d’un changement de conception d’un service public », a déploré mercredi matin sur Sud Radio le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. « Cette postière est attachée à ce qu’elle fait, elle veut rendre service, on en croise plein des situations comme ça », a-t-il ajouté, avant de garantir tout le soutien de la CGT.
En effet, à La Poste, on assure « avoir conscience de l’émoi suscité par la situation de la factrice ». Tout en soulignant que Sylvie a « dérogé à sa mission et à sa prestation de serment ». « La Poste se devait de réagir. Ce comportement entache la confiance que les clients accordent aux facteurs et à l’entreprise », estime l’entreprise publique.
De son côté, Sylvie assure avoir hâte de reprendre le travail. « Je ne pense pas faire appel de cette décision. J’ai vécu toute cette période assez mal, je vais me reposer maintenant et attendre de pouvoir enfin reprendre mes tournées », explique-t-elle au Parisien . Mais on ne l’y reprendra plus. « Je resterai humaine dans ma démarche, c’est mon caractère. Je ne vais quand même pas me transformer en robot ! Mais pour les périodes de Noël, il y aura un flux de paquets que les gens devront aller chercher s’ils ne sont pas chez eux… Ils seront certainement très embêtés mais ce ne sera plus mon problème. Je serai bien obligée de scrupuleusement respecter les règles, de ne pas signer à leur place . Et de ne plus leur rendre service », assure-t-elle.