Qui doit-on tutoyer ? Et vouvoyer ? En 1793, on a tranché : le tutoiement, c’est pour tout le monde.

 

In English, please

 

Dans la langue anglaise, le vouvoiement a longtemps existé (on utilisait « thou » pour le « tu » français, et « you » pour « vous »). Néanmoins, la formule est aujourd’hui désuète. La politesse se transmet donc via des formulations : utilisation du nom plutôt que du prénom (comme en français) etc.

 

En France, le vouvoiement est toujours utilisé. Cependant, cela n’a pas toujours été le cas.

 

« Le tu révolutionnaire »

 

Cette expression tirée d’un article de Philippe Wolf dans Annales historique de la Révolution française résume à elle-même le contexte. Nous sommes en 1793, soit quatre ans après le début de la Révolution. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen a mis en lumière une notion encore bien méconnue par la société : l’égalité.

 

L’égalité se traduit également dans la parole. Sous l’Ancien régime, le tutoiement est quasi-inconnu. On ne l’emploie que pour échanger avec les valets, ou envers les personnes considérées comme inférieures. Entre amis, collègues, dans la famille, c’est le vouvoiement qui prône.

 

Dans l’idée de supprimer les distinctions hiérarchiques dans le langage, un décret est publié le 8 novembre 1793 : le tutoiement devient obligatoire dans toutes les administrations françaises.

 

« Si vous convient à Monsieur, toi convient à Citoyen. »

 

Déjà au mois d’octobre 1792, on pouvait lire cette phrase dans Chronique de Paris.

Le tutoiement se généralise donc pour tous, quel que soit le métier, la fonction ou la position hiérarchique des personnes travaillant dans l’administration. On cherche à créer un lien universel unissant l’ensemble des citoyens.

 

Un tutoiement qui n’aura pas duré longtemps

 

Aujourd’hui, le tutoiement n’est plus obligatoire (même si fortement apprécié suivant les structures). En cause : ce décret disparaît un an plus tard, avec la Convention thermidorienne en 1794 suite à la chute de Robespierre.

 

Une nouvelle problématique émerge cependant : tutoyer sa hiérarchie, vouvoyer ses élèves… Le vouvoiement est-il aujourd’hui une forme de respect, ou une formule désuète, destinée à disparaître ?

 

 

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