Une procédure d’urgence a été lancée pour la prison de Rémire-Montjoly en Guyane. Le rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) dénonce des conditions de vie inhumaines.

 

Violation des droits fondamentaux des détenus

 

La commune de Rémire-Montjoly fait actuellement parler d’elle en raison de son centre pénitencier. Avec un taux d’occupation moyen de 125%, l’unique prison de la région française est surpeuplée. Une situation qui n’est néanmoins pas nouvelle : en 2016 déjà, on comptait 907 détenus dans l’établissement pour 538 places.

 

C’est la contrôleure générale des lieux de privation de liberté qui a tiré l’alarme : Adeline Hazan dénonce en effet une violation des droits fondamentaux des personnes incarcérées.

En 2012, des détenus témoignaient pour L’Express. « Les mauvaises odeurs sont partout, quelqu’un va aux toilettes, les autres sont obligés de mettre une serviette au nez… Je n’ai aucune intimité… C’est humiliant. » Certains ajoutaient également qu’il n’y avait aucune aération. « Le vent ne passe pas, on meurt de chaud. »

Une situation qui n’a pas évolué depuis, au regard des photographies réalisées par la CGLPL :

 

Cellule femme

Cellule collective au quartier des femmes

Douches intérieures

Douches intérieures insalubres

Sanitaires dans les cellules

Sanitaire non isolé du reste de la cellule

 

Une cellule de 11m², insalubrité, violence…

 

Une cellule de 22m² pour six détenus. C’est ce qu’a pu constater la contrôleuse lors de sa visite en octobre 2018. Une fois déduits les meubles, il ne reste donc plus que 11m² à se partager, la taille d’une chambre moyenne en France.

Autre fait grave : alors que les mères peuvent en France être détenues avec leurs nourrissons de moins de 18 mois dans des locaux adaptés, deux mères de la prison sont incarcérées dans une cellule normale, par manque de place dans la nurserie.

Il ne s’agit pas des seuls problèmes relevés : insalubrité due aux moisissures, absence de réfrigérateur pour conserver les aliments, qui pourrissent avec la chaleur et attirent les rats…

 

Certains détenus expliquent même craindre pour leur vie : 156 faits graves ont été recensés en l’espace d’un an. Ce « climat de violence extrême » est expliqué par le peu d’activité (seul 18% des détenus travaillent). Néanmoins, un personnel restreint et une direction qui manque d’autorité sont également pointés du doigt.

 

Réglementation

 

En somme, la prison de Guyane, ouverte en 1998, ne respecte pas les règles pénitentiaires européennes. Celles-ci stipulent que « les locaux de détention […] doivent satisfaire aux exigences de respect de la dignité humaine et, dans la mesure du possible, de la vie privée, et répondre aux conditions minimales requises en matière de santé et d’hygiène, compte tenu des conditions climatiques, notamment en ce qui concerne l’espace au sol, le volume d’air, l’éclairage, le chauffage et l’aération. »

 

Suite à ce contrôle, treize nouveaux surveillants devraient arriver pour le mois de mai et un projet de maison d’arrêt est à l’étude dans une autre commune de Guyane.

 

 

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