Un syndicat de police affirme que la préfecture de Paris va recourir à des lanceurs d’eau. Cela est pour assurer le maintien de l’ordre le 5 décembre. Les lanceurs d’eau sont en général utilisés par les pompiers.
Pour que l’usage de la force par les policiers soit légal, il faut que plusieurs conditions soient réunies. La première est le suivante : les policiers doivent poursuivre un « objectif légitime », c’est le « principe de légalité ». La seconde est « qui ne peut être atteint autrement », c’est le « principe de nécessité ». Et la dernière condition est d’exerçant une force « raisonnable et proportionnée à l’objectif poursuivi » en tenant compte des risques. Ceci est le « principe de proportionnalité ».
Tant que ces conditions sont réunies, leur violence est légalement justifiée. Mais dès qu’ils agissent en dehors de ces conditions, les policiers sont dans l’illégalité(n° 128-129).
Assurer la sécurité de la manifestation
Pour assurer la sécurité de la manifestation du 5 décembre, les forces de l’ordre ne lésinent pas sur les moyens. Mais outre la mobilisation de 6.000 policiers et gendarmes, les manifestants pourraient aussi faire face à « une nouvelle arme potentiellement létale », à en croire un post Facebook du syndicat France Police – Policiers en colère, syndicat minoritaire classé à droite.
« Plusieurs sources nous indiquent que la Préfecture de police aurait réquisitionné des lanceurs d’eau portatifs appartenant aux pompiers. Problème ? Ces lances débiteraient à environ 11 bars de pression et seraient potentiellement létales à moins de 5 mètres. Les collègues chargés d’utiliser ce matériel n’ont reçu aucune formation et s’inquiètent des conséquences juridiques pesant sur eux en cas de blessé ou de mort. »
En conclusion de ce message, le syndicat appelle le « préfet de police [à] communiquer sur ces lances (…) ».
Le syndicat France Police – Policiers en colère
Contacté par 20 Minutes, le syndicat France Police – Policiers en colère ajoute : « Un policier a été « réquisitionné » pour une « micro-formation », le 2 décembre, au cours de laquelle des pompiers lui ont montré comment allumer une motopompe et l’éteindre, sans lui fournir de doctrine d’emploi dans le cadre du maintien de l’ordre. Il a saisi sa hiérarchie pour avoir une documentation d’emploi et n’a pas eu de réponse donc il a saisi notre syndicat. »
« Côté pompiers, on nous a aussi dit que cette lance est normalement utilisée contre les incendies (…)», poursuit le syndicat.
Le policier affirme en effet avoir « participé à une initiation de la mise en marche d’une motopompe ». Cela en expliquant « comment actionner cet engin, allumage, branchement, montée de la puissance, et utilisation des diverses lances à incendie ».
Les engins seront utilisés sur ordre par des policiers
Si les sapeurs pompiers de Paris n’ont pas donné suite aux sollicitations des journalistes, la préfecture de police confirme le recours à un tel matériel. « En effet, des motopompes vont être intégrées au dispositif. Les engins seront raccordés à des bouches à incendie et utilisés sur ordre par des policiers formés à leur usage, leur but étant de repousser les manifestants hostiles. »
La pratique n’est pas inédite puisque déjà dénoncé, comme le note Yves Lefebvre, secrétaire général de Unité SGP Police FO. Les motopompes avaient déjà été utilisées par la police à Montpellier, il y a quelques mois, pour une manifestation de « gilets jaunes ». L’usage de tout appareil à eau demande une véritable formation aux policiers. En effet, il s’agit d’un usage bien particulier de l’appareil, auquel ils ne sont pas habitués contrairement aux CRS avec leur canon à eau. On n’a pas eu de blessés, fort heureusement, mais ces motopompes ont continué à être utilisées.
Au lendemain de l’acte 20 des « Gilets Jaunes », en avril, cette pratique avait déjà été dénoncé.