Le CSA a mis en demeure, ce mardi, la chaîne d’information CNews. Une décision qui fait suite aux propos d’Eric Zemmour sur l’islam et la colonisation de l’Algérie. En cas de récidive, des sanctions pourraient tomber. Cette mise en demeure rendue publique constitue une forme d’avertissement pour la chaîne d’info.

Dans les procédures du Conseil supérieur de l’audiovisuel, une telle décision peut sanctionner la chaîne, en cas de manquements répétés. Cela peut aller de la suspension temporaire d’un programme à un retrait de l’autorisation de la chaîne, en passant par des amendes ou privations d’écrans publicitaires.

Le journaliste, écrivain et polémiste est devenu mi-octobre la vedette de «Face à l’info», une émission quotidienne de CNews. C’est une émission lancée peu après la polémique déclenchée par son virulent discours sur l’islam et l’immigration fin septembre à la «convention de la droite». Une convention organisée par des proches de Marion Maréchal Le Pen.

 

Une légitimation de violences commises dans le passé selon le CSA

 

Et plusieurs de ses interventions dans l’émission présentée par Christine Kelly, ancienne membre du CSA, ont suscité un tollé. En particulier celle du 23 octobre, dans laquelle il assimile l’islam et l’islamisme. Ce avant d’évoquer la conquête de l’Algérie par la France dans les années 1840. Il dit, en tant que Français, «du côté» du général Bugeaud qui, lorsqu’il «arrive en Algérie, (…) commence à massacrer les musulmans et même certains juifs».

Des propos qui, pour le CSA, contreviennent à plusieurs des obligations de la chaîne. Ces obligations qui découlent de la loi et de sa convention conclue en 2005.

En effet, le CSA juge que ces propos «ont pu être perçus» comme «une légitimation de violences commises par le passé à l’encontre de personnes de confession musulmane mais aussi comme une incitation à la haine ou à la violence à l’égard de cette même catégorie de la population».

Et il juge que la séquence exprimait un «rejet insistant des personnes musulmanes dans leur ensemble, tendant à encourager des comportements discriminatoires en raison de la religion».

En outre, le régulateur estime que CNews a diffusant ces propos en direct «sans réaction ni même modération» de la part de l’animatrice. Cela a manqué à son obligation de garder la maîtrise de son antenne, qui s’impose en toutes circonstances.

 

Polémiques à répétition

 

Plusieurs autres sorties de l’auteur du «Destin français» dans «Face à l’info» ont fait polémique ces derniers mois.

Parmi elles, son intervention du 15 octobre sur l’homosexualité a pu selon le CSA être «perçue comme stigmatisant les personnes homosexuelles».

Ces polémiques à répétition ont poussé Canal+ à diffuser «Face à l’info» en différé à partir de la fin octobre, comme l’avait recommandé le comité d’éthique du groupe (filiale de Vivendi). Une mesure qui vise à limiter de nouveaux débordements à l’antenne.

Outre CNews, le CSA a réprimandé LCI pour des propos d’Eric Zemmour. Le régulateur avait «fermement mis en garde» la chaîne d’info du groupe TF1 pour avoir diffusé son discours à la «convention de la droite» en direct, sans mise en contexte ni contradiction à l’antenne.

«La liberté d’expression, y compris sous des formes polémiques, tout comme la liberté éditoriale, ne saurait justifier la diffusion de propos susceptibles d’inciter à la haine ou aux discriminations», avait prévenu le régulateur, à l’attention de l’ensemble des télévisions et radios.

 

Ecarté de l’antenne de RTL

 

Ce discours avait valu au polémiste d’être écarté de l’antenne de RTL et pourrait lui causer de nouveaux ennuis judiciaires, alors même que le pourfendeur du «Suicide français» a été définitivement condamné mi-septembre pour «provocation à la haine religieuse».

Le parquet de Paris a en effet ouvert une enquête, pour «injures publiques» et «provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence».